Les éditions Ithaque et Hélène Hélène Merlin-Kajman
sont heureuses de vous présenter
La littérature à l’heure de #Metoo

La critique face aux vertiges de l’identification et du consentement

Les textes d’hier peuvent déranger certains lecteurs d’aujourd’hui. Pourquoi certains méritent d’être transmis et d’autres abandonnés ? Dans cet essai, Hélène Merlin-Kajmann livre sa reflexion à l’heure de #Metoo et du trigger warning. Elle explore la complexité des justifications engagées dans ce nouveau régime du jugement esthétique.
Loin de la défendre pour son « progressisme » ou de la condamner pour sa bienséance « politiquement correcte », comme y encourage la polarisation idéologique des débats, il s’agit ici de plaider que la littérature n’agit pas à la lettre et que ce jeu de la lecture nous libère et nous lie.

La littérature se tient-elle au-delà du bien et du mal ? La modernité le proclame depuis les procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal.

Aujourd’hui, ce droit à la transgression est remis en question au nom de nouvelles valeurs : respect des sensibilités, militantisme culturel, assignation de toute fiction à une expérience vécue.

L’effet du mouvement #MeToo sur la manière dont on lit les oeuvres est à cet égard exemplaire. En 2017, des agrégatifs se demandèrent comment lire et enseigner une pastorale du XVIIIe siècle mettant en scène un viol présumé : ce fut l’affaire Chénier. En 2020, l’affaire Matzneff soulevait la question de la valeur littéraire d’actes sexuels pénalement répréhensibles. Aux États-Unis, l’exigence du trigger warning enjoint les universitaires de signaler à leurs publics les textes au programme dont le contenu pourrait raviver chez eux d’éventuels traumatismes.