Une autre histoire du Maghreb contemporain, une histoire de la dissidence
Les « Printemps arabes » ont pris l’Occident par surprise. Pourtant, face aux États autoritaires nés après les indépendances, des hommes et des femmes se sont toujours levés. Ce sont à proprement parler des dissidents politiques, comme en connut l’Europe de l’Est à l’époque soviétique. Mais, à la différence des régimes autoritaires du passé, l’autoritarisme contemporain ne peut s’abstraire de son siècle : tous les citoyens et tous les dirigeants savent que la liberté est possible. Au Maghreb, cette conviction est d’autant plus vraie qu’il existe des liens forts entre le Maghreb et l’Europe : une histoire partagée, une diaspora importante, et des médias regardés des deux cotés de la Méditerranée
Deux spécialistes du Maghreb, la politiste Khadija Mohsen-Finan et l’historien Pierre Vermerenécrivent une autre histoire du Maghreb. De longue date, des femmes et des hommes ont dit « no n » à des dirigeants autoritaires. Ils ont été traités d’enragés, de fous, d’ennemis du peuple ou encore de traîtres, alors qu’ils entendaient s’exprimer, agir, croire ou ne pas croire, selon les normes qu’ils se donnent, et non selon celles qui leur sont imposées par un Etat qui veut monopoliser l’expression publique, et s’estime seul à même de guider le peuple et de conduire d’Etat. Ces « dissidents » ont eu à affronter des brutalités policières et judiciaires, d’autres ont été contraints au silence ou à l’exil, pour avoir combattu dans des organisations politiques, des associations de droits de l’Homme ou de droits culturels. Beaucoup sont restés dans l’ombre, oubliés de l’Histoire. Dans cet ouvrage, les auteurs ont fait le choix de revenir sur l’action et le parcours de ces têtes brûlées en l’intégrant dans l’histoire politique du Maghreb indépendant.